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Le ravin des arcs : le "pont d’Arc" du pays de Londres

mardi 17 mars 2009, par Caumont Daniel

Saint-Martin-de-Londres, « l’oasis de la garrigue », plaque tournante de bien des curiosités touristiques placées sous l’œil dominant et fier du Pic Saint-Loup, réserve des coins discrets particulièrement pittoresques et surprenants. Depuis ce village, pure merveille de silence et de paix et qui reflète à lui seul toute l’âpreté des garrigues, en empruntant la N.986 en direction de Ganges sur 1 km 500 on parvient rapidement au Pont de Mascla.
Ce pont vers lequel la pente naturelle suivie par la route conduit après avoir franchi le mas de Lagarde enjambe le Lamalou, une petite rivière parfois capricieuse et qui à l’occasion déborde franchement de son lit.

Ravin des Arcs


A gauche de ce pont, en face d’un parking, un bon chemin (GR60) court dans la garrigue au milieu des chênes verts et des touffes de thym. Il grimpe un peu, traverse la petite plaine de Cambounet puis s’engage dans une combe pierreuse dans laquelle il effectue quelques lacets.
Tout à coup, ô surprise, une petite gorge étroite et abrupte percée de grottes et de recoins escarpés et inaccessibles apparaît.
Le chemin descend à présent rapidement en sa direction dans une forêt de chênes verts pour déboucher ensuite subitement sur le lit caillouteux d’une rivière.
Nous sommes désormais dans le lit du Lamalou que nous avons quitté au pont de Mascla et que nous retrouvons après un parcours de plus de 2 km de gorges impénétrables.
Face à soi, élégamment adossé contre une falaise, un "Grand Arc" de pierre laisse passer sous sa frêle voûte percée quelques eaux rescapées. Cet étonnant édifice sculpté par l’érosion, qui a façonné et entaillé les gorges au cours des millénaires, ne laisse pas indifférent. Il intrigue, d’abord par ses dimensions imposantes ensuite par ses formes qui rappellent celle d’un arc boutant de cathédrale.

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Si on a de la chance, on verra couler tranquillement la rivière ; sinon, c’est un lit caillouteux et sec que l’on pourra descendre sur quelques centaines de mètres. Mais seulement quelques centaines de mètres, car plus loin la gorge sculptée par une intense érosion, creusée et taraudée ne permet plus le passage. De hautes falaises s’annoncent, préambule à l’encaissement du lit de la rivière qui s’engage désormais dans un véritable parcours du combattant, une lutte à corps perdu avec la roche ici très compacte et luisante.
De grandes et superbes vasques, sortes de marmites [1] géantes incisées dans cette dernière s’imposent subitement.

Pour les franchir, hormis les ressauts quelles créent au sein même du lit étroit, il faut y nager…, si bien entendu celles-ci contiennent encore quelque réserve d’eau. Sinon, et cela est plus prudent pour les promeneurs que nous sommes, c’est vers un sentier paisible qu’il faudra se rabattre pour prolonger notre incursion plus en aval.

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Ce sentier, qui prend départ juste une centaine de mètres en aval du Pont d’Arc se poursuit sur la rive droite parmi les chênes verts. Sans trop grimper abruptement, il permet de s’élever au-dessus du ravin et de surplomber la partie canyon proprement dite de la gorge très accidentée et que nous n’avons pu franchir.
C’est à partir d’une superbe vire percée de nombreuses grottes et dont l’une d’entre elles est sommairement aménagée en refuge que le plus beau coup d’œil sur ce site est possible.
Elle permet de se dégager de la végétation, de s’approcher d’un superbe à pic et de découvrir avec étonnement le petit côté grandiose que le défilé du Lamalou imprègne avec force dans le massif.

On y remarque aisément les deux aspects de sa surprenante entaille. D’abord, la rudesse et l’âpreté des formes liées à l’érosion très agressive des eaux qui avec force ont taraudé littéralement le calcaire de la montagne de la Celette. Ensuite, contraste étonnant au sein d’un paysage tourmenté, un cours aval, large lit aux berges parfois

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verdoyantes se déroulant paisiblement en direction de l’Hérault. Il est bien dommage qu’un sentier bien tracé ne permette pas d’aller plus en aval, tant la vallée qui se déroule et se dévoile ici invite à pousser plus loin l’aventure.
Le chemin confronté aux falaises et autres ravins pentus et ébouleux s’écarte désormais de la gorge et s’engage dans une épaisse forêt de chênes verts. On pourra revenir sur ses pas au point de départ ou bien continuer la balade. Mais cet exercice demande une habitude de la marche et quelques élémentaires notions d’orientation tout cela pour être sûrs de bien revenir sur le Grand Arc. Si nous sommes un peu téméraires, nous aurons tôt fait de dénicher le bon sentier qui le permet, et qui au premier carrefour à droite quitte le GR64 et revient vers le point de départ.

Le Lamalou : une rivière conquérante et déterminée

Lorsqu’il franchit le pont de Mascla, rare est l’automobiliste qui porte son regard sur la rivière enjambée par cet ouvrage. Une rivière de 16 km de long qui a le plus souvent le long de son cours l’allure d’un ruisseau asséché, mais qui cependant voit le jour en une belle source à la base du causse de l’Hortus, quelques kilomètres en amont près du village du Rouet. D’apparence tranquille mais aux crues redoutables, son lit sinueux se joue de bien des difficultés en franchissant dès sa

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naissance et à contresens les assises marneuses de la plaine de Saint-Martin-de-Londres. Sur son parcours, et cela avant sa traversée fort téméraire des calcaires de la montagne de la Celette, une série de pertes absorbe une partie de ses eaux dont le débit s’amenuise progressivement pour arriver péniblement essoufflé au Pont de Mascla. _ En hautes eaux, le scénario n’est pas le même. A tel point que le contraste en est frappant. Gonflée par les affluents des terrains imperméables qu’elle traverse et aux eaux chargées d’argile, elle s’engouffre avec force dans le Ravin des Arcs, animant dans un festival

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de cascades et autres tourbillons les facéties naturelles du calcaire. Les arches, marmites et autres redans vivent alors au rythme scandé du torrent, lequel, inondant sur plusieurs kilomètres berges, éboulis et terrasses, rejoint son point de confluence avec l’Hérault.

Une longue histoire géologique

Les spécialistes vous diront que l’histoire de cette rivière est bien curieuse et très étonnante. Et la question principale qui revient souvent à son égard est de savoir comment avec un débit aussi insignifiant, y compris en hautes eaux, celle-ci a pu creuser des gorges aussi vastes et profondes au sein du calcaire massif et compact de la montagne de la Celette. Pour cela, il faut remonter très loin dans l’histoire géologique de la région, c’est-à-dire à l’époque où l’Hérault était un bien plus grand fleuve qu’aujourd’hui. Il y a quelques dizaine de millions d’années, ce

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fleuve, qui lentement s’est enfoncé dans sa gorge au même titre que le Lamalou, décrivait de très grands méandres dont on retrouve des traces très visibles sur la plaine du Frouzet et sur le Causse de la Celle. La Méditerranée, étant alors à un niveau bien supérieur que l’actuel, venait lécher voire fouetter les contreforts des monts de Saint-Guilhem au niveau de la plaine de Gignac et d’Aniane. Quant au Lamalou, il n’existait pas. Une rivière beaucoup plus imposante, et probablement à la dimension de l’Hérault actuel franchissait les niveaux les plus hauts de la montagne de la Celette à la rencontre du fleuve. La plaine de Cambounet en est un des vestiges les plus éloquents de ce niveau. C’est cette rivière qui a commencé le long processus de creusement des gorges dans leur partie supérieure et qui, perdant progressivement de l’importance, a cédé sa place à bien

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d’autres jusqu’au Lamalou actuel.

La Source : Si du Pont de Mascla on désire se rendre à cette source bien discrètement cachée entre les fermes du Lamalou et le hameau du Crès, on empruntera la D1e jusqu’au village de Notre-Dame-de-Londres puis, au sortir de ce dernier, la D122e. On ne manquera pas au passage de s’arrêter au magnifique dolmen du Lamalou situé en rive gauche et en aval de la source.

Source du Lamalou : carte IGN au 1/25 000 : Claret (2742 E)

Notes

[1Marmite : cavité circulaire pouvant atteindre quelques mètres, creusée dans le lit rocheux d’une rivière (aérienne ou souterraine) par le mouvement tourbillonnaire de l’eau chargée de sables et de graviers.

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