Soja transgénique

Science-fiction américaine ? Non, réalité héraultaise : du soja génétiquement modifié pousse au pied du Pic Saint Loup, près de Saint-Mathieu-de-Tréviers. Résistant aux herbicides, ce soja transgénique est pourtant interdit en France, à cause d’éventuels risques environnementaux. Mais il a été accenditellement mélangé avec du soja normal aux Etats-Unis et importé chez nous.

Alerté par des écologistes, en août dernier, le gouvernement a ordonné la destruction des 47 hectares contaminés dans les Bouches-du-Rhône et de l’Hérault. Début septembre, l’exploitant de Saint-Mathieu-de-Tréviers a donc broyé lui-même les plantes suspectes.

Prolifération

Mais des centaines de jeunes pousses de soja ont repoussé sur cette parcelle de 2 hectares, coincée entre vigne et pinède. "Pas assez enterrées, les graines ont regermé", explique Dominique Soullier, le porte-parole de la Confédération paysanne, qui nous accompagne sur place lundi 16. Pour lui, il y a danger de prolifération sauvage du soja transgénique. A travers la dissémination des graines transportées par les oiseaux, les sangliers ou les fourmis. Ou par le biais d’une pollinisation croisée avec le soja normal.

C’est faux, assure Eric Mignard, un spécialiste de l’INRA. Graines et plantes ne passeront pas les premiers froids de l’hiver". En outre, la part de soja transgénique serait infime : entre 0,6% et 1,2% de la plantation totale.

Enfin, "l’agriculteur de Saint-Mathieu-de-Tréviers va relabourer sa terre la semaine prochaine et planter du blé", affirme Michel Jeay au Service Régional de la protection des végétaux. Autant d’arguments qui ne rassurent pas vraiment Dominique Soullier : "la Confédération paysanne envisage de porter plainte contre l’Etat pour non-destruction du soja interdit." Avec la bénédiction d’un certain José Bové.

Olivier Rioux.