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Significations du mot « garrigue »

samedi 25 février 2006, par Ibanez Manuel

Garrigue par ci, garrigue par là, on entend souvent parler de garrigue. Pourtant on remarque bien vite que ce terme n’a pas la même signification pour tout le monde. Essayons de voir de plus près qu’est-ce qui se cache derrière cette garrigue.

Garrigues d’Aumelas

Le mot « garrigue », communément assimilé à la zone méditerranéenne recouvre plusieurs significations. Il dérive de l’occitan « garriga » signifiant « landes où pousse le chêne kermès ». Etymologiquement, ce terme serait issu du nom pré-indo-européen de ce petit arbuste présent sur tout le pourtour méditerranéen. Une autre interprétation montre que le mot « garrigue » possède la racine pré-latine Cal (variante Gal, Cal) signifiant « pierre », « rocher » (Hamlin & Alibert in Martin, 1996).

1 - Une formation végétale basse adaptée au climat sec méditerranéen

Pour les botanistes, la garrigue est un ensemble de groupements végétaux formant un habitat ouvert de la zone méditerranéenne. Se rencontrant sur terrain calcaire et sur des sols très peu profonds, ces formations végétales sont adaptées à la sécheresse, avec un faciès bas laissant apparaître par endroit le sol nu. Elles sont issues de la dégradation des forêts de chênes verts (Quercus ilex) et de chênes pubescents (Quercus pubescens). En effet, suite à l’action de l’homme, du pâturage et des incendies, l’évolution climacique vers un stade forestier est limitée, sur ces zones calcaires méditerranéennes, à une phase arbustive caractérisée par des espèces telles que le chêne kermès (Quercus coccifera), le Thym (Thymus vulgaris), le Romarin (Rosmarinus officinalis) ou le ciste cotonneux (Cistus alba).

Face à l’ambiguïté du mot garrigue, certains spécialistes préfèrent employer le terme « matorral » emprunté au vocabulaire espagnol pour décrire ces formations végétales.

Cette approche naturaliste décrit la garrigue comme un habitat défini par des formations végétales précises. Ce n’est qu’un des éléments constitutifs d’un paysage qui se rencontre tout autour de la méditerranée.

2 - une entité territoriale du Languedoc, entre plaines littorales et Cévennes

« Les cartes appellent « zones des garrigues », la région de piémont comprise entre la bordure sud-cévenole et les plaines nîmoises et montpelliéraines. »
C. Martin, La garrigue et ses Hommes (1996)

Cette entité géographique est délimitée plus ou moins précisément par la vallée du Rhône à l’Est et la vallée de l’Hérault à l’Ouest. Avec une altitude moyenne entre 100 et 300 mètres, elle constitue le palier central du gradin languedocien qui, tourné sur la méditerranée, s’élève au nord dans les Cévennes et s’étale au sud dans les plaines littorales.
Avec un paysage formé de vastes plateaux et massifs calcaires entrecoupés de dépressions et autres vallées, ces garrigues sont également définies par des caractéristiques socio-culturelles qui les distinguent des territoires voisins. Les formations végétales dites « de garrigue » sont dominantes sur l’ensemble de cette entité territoriale.

Situation approximative des garrigues du Languedoc

3 - une zone non cultivée, « bonne » seulement pour les troupeaux, la chasse et la promenade

Dans les textes anciens, le mot garrigue est souvent synonyme de « terre inculte » ou de « landes » (Martin, 1996). La garrigue c’est pour les anciens, la « colline », là où on amène les troupeaux et où on va chasser.

La garrigue devient aujourd’hui de plus en plus la « zone sauvage » où l’on vient se promener le dimanche. Une enquête menée au printemps 2005 auprès de divers utilisateurs des garrigues nord-montpelliéraines, montre quelques-uns des différents regards portés sur cet espace (Clavel, 2005). A une question demandant de définir ce qu’est la garrigue, une grande partie des réponses était caractérisée par la prédominance de termes évoquant une approche sensible de l’espace. Par exemple : les notions de liberté, de calme, de détente, de caractère sauvage ont été souvent citées. Si la moitié des personnes interrogées dans cette étude définissent également la garrigue à partir de ses caractéristiques naturelles (végétation basse adaptée à la sécheresse sur sols calcaires), très peu font référence aux activités humaines qu’il y a ou qu’il y a eu sur cet espace.

Bibliographie :

CLAVEL, S., 2005. Patrimonialisation de la garrigue : question de représentation, Mémoire Master Professionnel, Université d’Avignon.

DUGRAND, R. (1964). La garrigue montpelliéraine. Essai d’explication d’un paysage, Presses Universitaires de France.

MARTIN, C., 1987. Garrigues en pays languedocien. Lacour. 116 pp.

MARTIN, C., 1996. La garrigue et ses hommes : une société traditionnelle. Espace Sud. 271 pp.


Cet article est tiré du mémoire :

Ibanez, M., 2005. « Les territoires proches d’une aire urbaine : complexité de la gouvernance territoriale. Etude exploratoire appliquée à l’espace des garrigues du nord de Montpellier. ». Mémoire de Master ADE, Institut de Géoarchitecture, 104 p.

Présentation du mémoire : « quel avenir pour les garrigues du Pic Saint-Loup ? »


Voir aussi :

Significations du mot « garrigue »

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