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Les garrigues : un territoire en mutation - 6 - les garrigues aujourd’hui : territoire rural ou urbain ?

dimanche 19 mars 2006, par Ibanez Manuel

L’espace des garrigues connaît actuellement de rapides changements. La dynamique de péri-urbanisation actuellement en cours modifie tellement ce territoire qu’on en vient à se demander si c’est un espace rural ou un espace urbain. Tout dépend des critères que l’on retient pour définir ce qu’est le « rural »...

Remarque  : les données présentées ici s’appliquent à une zone d’étude qui concernent 77 communes à cheval sur le Gard et l’Hérault.

zone d’étude

Il y a peu de temps encore, la différenciation entre l’espace urbain et l’espace rural était établie à partir du critère de densité de population. Etaient considérées comme urbaines toutes les zones rassemblant plus de 2000 habitants agglomérés et donc rurales toutes les zones de moins de 2000 habitants agglomérés.

Cependant, le phénomène de périurbanisation a rendu caduque cette définition. En effet, de nombreuses communes proches d’une ville, appelées couramment cités dortoirs, n’atteignent pas cette limite mais sont néanmoins en grande partie dépendantes de la ville au niveau de l’emploi notamment. C’est sur ce critère que s’est basée la nouvelle nomenclature de l’INSEE (in Julien, 2000). On parle maintenant d’aires urbaines et d’espaces à dominante rurale.

« Une aire urbaine est un ensemble de communes d’un seul tenant et sans enclave, constitué par :

  • un pôle urbain, qui est une unité urbaine offrant au moins 5000 emplois et n’étant pas elle-même attirée à plus de 40% par une autre unité urbaine ;
  • une couronne périurbaine composée de communes dont 40% de la population résidente possèdant un emploi travaille dans le reste de l’aire urbaine ;
  • des communes multipolarisées dont 40% ou plus des actifs résidents vont travailler dans plusieurs aires urbaines » (in Julien, 2000)

Les espaces à dominante rurale sont les communes dont moins de 40% de la population active travaille dans une aire urbaine. Ils peuvent comporter à la fois des communes rurales au sens de l’ancienne définition (- de 2000 habitants agglomérés) et des petites villes offrant moins de 5000 emplois (elles sont appelées des pôles d’emploi de l’espace rural).

Mais pour certains auteurs, il faut plus d’un critère pour différencier l’urbain et le rural. Bernard Kayser, par exemple, considère que « pour caractériser un espace rural, il faut :

  • une densité relativement faible des habitants et constructions avec une prépondérance des paysages à couverts végétaux ;
  • un usage économique en terme de superficie, à dominante agro-sylvo-pastorale ;
  • un mode de vie des habitants caractérisé par leur appartenance à une collectivité de taille limitée et un rapport particulier à l’espace ;
  • une identité et une représentation spécifique fortement connotées par la culture paysanne » (Kayser, 1994)

On voit là apparaître l’importance de l’agriculture et un certain mode de vie paysan dans la notion de ruralité.

Cependant, alors que la ville prend une place grandissante dans les sociétés contemporaines au détriment des zones agricoles, la vision du rural change. Selon un sondage, seulement 28% des français associent le terme de « campagne » à une utilisation agricole du sol (in Larcher, 1998). L’évolution des fonctions de l’espace rural fait apparaître une montée en puissance de la fonction cadre de vie au détriment d’usages plus productifs. Le rural change, du fait notamment d’un fort déclin agricole, perdant ainsi la majeure partie de son poids économique mais également tout un mode de vie et de représentation lié à la culture « paysanne ».

Mais qu’en est-il sur l’espace des garrigues montpelliéraines ? Selon les nouveaux critères de l’INSEE, 48% des communes de la zone d’étude font partie d’une aire urbaine. Ce sont majoritairement des communes de la couronne périurbaine de Montpellier. Cela montre la dépendance de cet espace vis-à-vis de l’agglomération en termes d’emplois.

Garrigues urbaines ou rurales

Les agriculteurs représentent 7,8% de l’ensemble de la population active ce qui est légèrement supérieur à la moyenne des départements du Gard et de l’Hérault (environ 5,6%). Cependant, la part des agriculteurs est plus faible globalement dans les communes de la couronne périurbaine.

Bibliographie :

JULIEN, P., 2000. Mesurer un univers urbain en expansion. Economie et Statistique, n°336, 3-33 pp.

KAYSER, B., 1994. Pour une ruralité choisie. Paris, Datar/Ed. de l’aube.

LARCHER, G., 1998. L’avenir des espaces périurbains. Rapport d’information 292 (98-99) - Commission des Affaires Economiques


Cet article est tiré du mémoire :

Ibanez, M., 2005. « Les territoires proches d’une aire urbaine : complexité de la gouvernance territoriale. Etude exploratoire appliquée à l’espace des garrigues du nord de Montpellier. ». Mémoire de Master ADE, Institut de Géoarchitecture, 104 p.

Présentation du mémoire : « quel avenir pour les garrigues du Pic Saint-Loup ? »


Voir aussi :

Significations du mot « garrigue »

Les garrigues : un paysage façonné par des facteurs naturels

Les garrigues : un paysage façonné par une longue occupation humaine

Les garrigues : un territoire en mutation. 1 - une forte croissance démographique

Les garrigues : un territoire en mutation. 2 - une population active qui ne travaille pas sur place

Les garrigues : un territoire en mutation. 3 - de grands bouleversements dans le secteur agricole

Les garrigues : un territoire en mutation. 4 - une dynamique de péri-urbanisation

Les garrigues : un territoire en mutation. 5 - péri-urbanisation : de nouveaux enjeux pour le territoire

Les garrigues : un territoire en mutation. 6 - les garrigues aujourd’hui : un territoire rural ou urbain ?

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