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Le siècle passé : l’arrivée de l’électricité

lundi 6 janvier 2003, par Perrey Luc

Historique

C’est peu de temps après la fin du siècle des lumières que surgirent celles de la ville. En effet ; l’électrification de notre territoire a véritablement débuté en 1914. Au pied du Pic Saint Loup, un certain nombre d’agriculteurs se regroupèrent en société d’intérêt collectif agricole afin de pouvoir s’alimenter en électricité, s’appuyant sur un premier projet qui, à l’aube de la guerre, ne fut jamais réalisé.

Cependant, dès 1919, les études reprennent alors que les cantons des Matelles, de Claret et de Saint-Martin-de-Londres continuent à s’éclairer à la chandelle ou au pétrôle. Une situation regrettable à laquelle monsieur Pasquet, directeur des services agricoles, animé d’une farouche volonté, espère bien remédier. Il consulte Marcel Boulhiet, ingénieur civil, qui a déjà fait des relevés sur le cours de l’Hérault. Pour construire un barrage, les dépenses à engager s’élèvent à 2 300 000 F : une somme énorme à l’époque ! Une souscription est ouverte dans chaque commune adhérente au projet. Les membres du comité et plus spéciallement l’inlassable monsieur Pasquet leur réserve un accueil dépassant toutes leurs espérances.

Les travaux commencent donc, au barrage Bertrand, dès le mois de mai 1922 et le ministre de l’agriculture, en personne, monsieur Chéron, viendra poser la première pierre. Le chantier se termine un an plus tard, les conditions climatologiques étant excellentes, l’hiver 1922-1923 fut des plus secs.

Rapidement une structure administrative se met en place à Montpellier. La production de ce barrage composé de 3 alternateurs de 700 cv atteint alors 6,8 millions de KWh et permet d’alimenter le secteur jusqu’en 1969. Mais à partir de là, le fort accroissement démographique enregistré sur les communes au nord de Montpellier fait triplé le nombre d’abonnés. D’autre part, le confort des ménages et l’augmentation des besoins industriels, multiplient par vingt la demande en énergie. Au résultat, la propre production de la coopérative d’électricité ne suffit plus à couvrir les besoins. Il faut donc acheter le reste, soit 194 millions de KWh à l’E.D.F.

Depuis, la coopérative d’électricité ne cesse d’innover. C’est ainsi qu’en 1981, cinq ans avant Electicité de France, les factures ont été mensualisées et que depuis 1984, elle procède à la mise en place du système de relevé des compteurs par appareils de saisie portables, directement reliés au service informatique.

Autant d’initiatives qui montrent bien que cette fille ainée d’Electricité de France, installée depuis 1995 à Saint Gely du Fesc, bien qu’octogénaire, garde toujous l’esprit jeune.

Témoignage

Sur la commune, l’électricité date du début des années 1920. Les deux premiers transformateurs en courant diphasé (4 fils électriques) sont installés par Léon Servin (le père de Robert, le président du club du 3ème âge) sur le Plan Laurent et au pont chez Mercier. Léon Servin est commandité par la Coopérative d’Electricité de Saint Martin de Londres qui a vu le jour juste après la guerre 14-18. Notre homme devient d’ailleurs actionnaire d’une coopérative présidée par monsieur Loriol, propriétaire à Laroque. L’énergie vient déjà du barrage Bertrand installé sur l’Hérault.

A Saint-Mathieu-de-Tréviers, ce véritable miracle eu lieu dans la maison familiale d’Anne-Marie Combettes en 1921, l’année de sa naissance. Une fée électricité qui, aux dires de sa mère, Marie, née Trauchesse, a permis de "remiser" la lampe à huile à la lueur de laquelle elle avait, pendant la guerre 14, brodé tout son trousseau. Les lampes à pétrôle simples ou avec un bec "soleil" au mancheron plus bombé qui, comme leur nom l’indique, éclairaient beaucoup mieux, suivront le même chemin où viendront trôner dans la petite chambre "à donner" ou le couple n’avait pas jugé bon d’installer l’électricité. Les premières ampoules électriques à "carbonne" claquaient facilement. Elles pendaient au plafond, munies d’un abat-jour, vert dessus, blanc dessous pour mieux refléter la lumière. Des pièces plus luxueuses, translucides, aux bords festonnés les remplaceront. Pour allumer, c’était magique, il suffisait d’abaisser un petit interrupteur en cuivre fixé sur un "bouton" de porcelaine.

"Tout cela était si merveilleux que nous allions de pièce en pièce, actionner l’interrupteur pour avoir le plaisir de voir "s’allumer" la lumière. Un circuit dont nous sortions tout éblouis", se souvient Léon Dusfour, boucher à Saint-Mathieu-de-Tréviers.

Cependant, habitué à faire des économies, pour ne pas "brûler la chandelle par les deux bouts", selon l’expression consacrée ; beaucoup d’heureux abonnés, continuaient à veiller au coin du feu, comme au bon vieux temps !

Sur le secteur du Pic Saint Loup, l’électrification des maisons d’habitation s’est étalée sur une dizaine d’années.
"En 1927, lorsque mes parents sont allés s’installer à Saint-Geniès-des-Mourgues, j’avais 6 ans et, la première année, il n’y avait pas encore l’électricité. Cependant, il faudra attendre encore de nombreuses années avant que les rues ne soient éclairées. On sortait avec une lanterne !", précise Anne-Marie Combettes.

Ensuite Léon Servin, l’homee de la situation, procéda à l’électrification des pressoirs en caves individuelles. Après une étude détaillée, il fera fabriquer des pièces dans une fonderie d’Alès, et réalisera l’usinage dans son atelier de mécanique à Tréviers. Inexorablement, le progrès était en marche guidé par des hommes attachés à leur terroir !

P.-S.

Source : Le guetteur de Montferrand. Janvier 2000

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