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La plaine de Pompignan : le milieu physique

mercredi 29 novembre 2006, par Ivanez Damien

 Le climat de la plaine

Distante d’à peine quarante kilomètres de la mer Méditerranée, la plaine de
Pompignan baigne a priori sous un climat méditerranéen (chaud, ensoleillé, accusant une
amplitude thermique forte et des pluies rares), mais…

 La pluviométrie

Les précipitations sont peu fréquentes, avec une moyenne de 86 jours de pluies par an
notées à la station météorologique de Conqueyrac (ne sont comptabilisés que les jours où les
précipitations sont supérieures ou égales à 1 mm).

La moyenne annuelle des précipitations entre 1991 et 2003 atteint 1285 mm, ce qui est
relativement élevé pour la région (Montpellier ne reçoit que 730 mm par an, et le Mont
Aigoual, un des lieux les plus arrosés de France, 2300 mm). Notons que 42 % des
précipitations annuelles tombent en automne, et particulièrement en 2002 où le cumul annuel
a atteint presque deux mètres.

Les pluies sont donc localement plus abondantes que sur tout le littoral méditerranéen
français. En revanche, la répartition des pluies au cours de l’année est nettement différente de
celle du climat océanique ou continental.

Tableau 1 : Historique des précipitations sur 10 ans

 Les températures

La moyenne annuelle des minima (moyenne annuelle de la température la plus fraîche
de chaque jour) est de l’ordre de 8,8°C et la moyenne annuelle des maxima (moyenne
annuelle de la température la plus chaude de chaque jour) est de 21,2°C (Station
météorologique de Conqueyrac).

Les hivers sont rudes avec 50 jours par an accusant des températures négatives, dont 8
jours où l’on enregistre des températures inférieures à -5°C.

Les étés sont chauds avec 130 jours au dessus de 25°C dont 70 jours au-delà des 30°C.

Si on compare ces données aux températures « méditerranéennes » classiques, on se
rend compte que la plaine de Pompignan présente des affinités continentales marquées,
notamment en hiver. Avec cinquante jours de gel par an, contre une petite trentaine à Nîmes
ou à Montpellier, il n’y rien de surprenant à ce que la neige soit régulière pendant l’hiver dans
la plaine alors qu’elle est nettement plus exceptionnelle à Montpellier (à seulement 35 km).

Tableau 2 : Historique des températures sur 10 ans

 Les vents

Le Mistral (axe Nord-Sud) et la Tramontane (axe Nord-Ouest-Sud-Ouest) sont les
vents les plus caractéristiques du secteur. Il s’agit de vents secs et tenaces, qui peuvent
souffler plusieurs jours durant. Par opposition, les autres vents apportent de l’humidité et de la
pluie et sont moins fréquents. Le Marin caractérise les entrées maritimes du Sud, tout comme
le Sirocco qui amène des poussières rougeâtres en provenance du Sud du bassin
méditerranéen. Enfin, le Levant vient de l’Est, le Grec vient du Sud-Est et le Ponant nous
arrive du Sud-Ouest. (Martin 1997).

 Un peu de géologie…

Le climat rude n’est pas le seul élément expliquant l’originalité des formations
végétales de la plaine. La nature et la structure des sols jouent beaucoup dans les types de
végétation présents et leur répartition au sein de la dépression.

L’ensemble de ce territoire repose sur un système de roches calcaires d’origine
sédimentaire (la région était donc sous la mer il y a plus de 90 millions d’années !) et plus ou
moins riche en éléments carbonatés, selon les strates (les couches de roche). Du calcaire dur
aux argiles en passant par les marnes, c’est principalement la teneur en carbonate qui varie.

Carte 3 : Carte géologique simplifiée de la plaine de Pompignan
Carte 3 : Légende de la carte géologique simplifiée de la plaine de Pompignan

Lors de la formation du Causse de l’Hortus et du Pic Saint-Loup, ce territoire ne
présentait pas de cuvette. Imaginons pour cela trois « feuillets » qui seraient empilés les uns
sur les autres : le plus superficiel, en contact avec la surface, est constitué de calcaire formé au
Crétacé (de -145 millions d’années à -65 millions d’années, ce qui correspond à la période de
vie des dinosaures). Cette première couche est la plus récente et résulte de l’accumulation de
débris dans les fonds marins. Le feuillet intermédiaire est constitué de marnes : c’est une
roche moins riche en carbonate que la précédente. Le troisième feuillet, le plus profond et le
plus ancien, est du même type que le premier. C’est l’alternance des climats au cours des
temps géologiques qui a influencé les caractéristiques de la formation de ces roches
sédimentaires.

Après le retrait de la mer, la « plaine » était située dans le prolongement du causse et
coincée entre deux blocs de calcaire plus durs formés au Jurassique (c’est l’ère qui a précédé
le Crétacé) : les « ancêtres » des massifs du Bois de Monnier et du Coutach.

Au fil du temps, l’eau, le vent et les fluctuations de température ont réussi à éroder
complètement la première couche, composée de calcaires. Le second feuillet, composé de
marnes plus tendres à subi ensuite le même sort par effet de ruissellement. On peut toutefois
se demander pourquoi le Causse de l’Hortus n’a pratiquement pas bougé ? On peut supposer
que la première couche de calcaire « crétacé » était moins épaisse et plus fracturée dans la
future plaine qu’au niveau du Causse, ce qui a accéléré son érosion. On constate que les
sommets des différents promontoires comme le puech Cuiller, le puech Buissou ou la
montagne Saint-Jean sont encore constitués du même calcaire crétacé que celui qui forme le
Causse de l’Hortus. Aujourd’hui, la troisième couche de calcaire crétacé affleure par endroits
au centre de la plaine.

C’est donc par érosion des roches sédimentaires que la plaine de Pompignan a été créée.

 Le réseau hydrographique

Notre zone d’étude présente deux « cours d’eau » principaux, le Vidourle et le Rieu
Massel, et un troisième en limite Nord de la zone, le Crespenou.

Le bassin versant [1] du Vidourle est considérable, il couvre une surface de 800 km2. La
plaine de Pompignan est en tête de ce bassin versant.

Du fait de la nature essentiellement marneuse de la plaine, les eaux de pluie ruissellent
et forment des cours d’eau à régime intermittent comme le Rieu Massel et le Crespenou. Ces
deux ruisseaux temporaires sont des affluents du Vidourle qui ne viennent le gonfler qu’en
période de fortes pluies (orages cévenols). La cuvette de Pompignan, avec une surface de 100
km2, représente une part non négligeable du bassin versant du Vidourle. Les eaux drainées par
la plaine, expliquent en partie les violentes « Vidourlades » de Sommières et de Lunel. Après
les inondations de 2002, les laisses de crue étaient visibles à 4 mètres de hauteur dans les
arbres du côté de la route de Nîmes. L’essentiel de la plaine est donc inondable.

Pour cette raison, un barrage écrêteur de crues a été aménagé en 1968 à Ceyrac, afin de
limiter le débit du Vidourle lors de fortes pluies et ainsi réduire les risques d’inondations en
aval. Mais le barrage a été submergé comme en 2002, bien qu’il fut initialement dimensionné
pour contenir des crues « millénales » (qui ont une probabilité égale à une chance sur mille de
se produire chaque année).

Un second barrage écrêteur a été construit en 1970 sur le Vidourle, à Bagnères,
également sur la commune de Conqueyrac. Ce barrage est de conception unique au monde : il
s’agit d’un barrage à écailles (des panneaux assemblés les uns aux autres). Entre chaque
écaille, un espace permet à l’eau de s’évacuer à travers le barrage en cas de surpression, sans
provoquer de rupture au niveau des fondations, assises sur un réseau karstique instable (Cro
comm. pers.).

Malgré ces infrastructures, les inondations de septembre 2002 ont quand même
provoqué de très gros dégâts dans la partie avale du Vidourle.

Par temps sec, le Vidourle coule en souterrain entre Saint-Hippolyte-du-Fort et Sauve. Il
« ressort » au niveau de la fontaine de Sauve, renforcé par les eaux d’infiltration du Coutach.

La seule source permanente de la plaine de Pompignan est située à la Fousse : c’est une
résurgence karstique. Les eaux du Causse de l’Hortus s’y déversent et la source ne tarit pas au
cours de l’été. Tout comme le Vidourle, la Fousse passe ensuite en souterrain et ressurgit (en
changeant de nom) à proximité du village de Pompignan, au niveau du « Gué de la
Réclause », où elle alimente plusieurs vasques permanentes (jamais asséchées).

P.-S.

Cette page fait partie d’une série de 6 articles intitulés extraits du document "La plaine de Pompignan : inventaire naturaliste " :

Notes

[1C’est la surface qui est drainée par un cours d’eau et ses affluents : elle est délimitée par des
lignes de crêtes au-delà desquelles les eaux de pluie ruissellent vers d’autres cours d’eau.

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