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Garrigue en fête 2006 sous le signe de l’eau

lundi 30 janvier 2006, par Fruchier Isabelle

Pour préparer la journée de l’environnement "GARRIGUE en FETE" qui aura lieu le dimanche 14 mai 2006 à St Mathieu de Tréviers, nous vous proposons une série d’articles sur la problématique de l’eau.

  Chapitre 1 : les ressources en eau

 A qui appartient l’eau ?

L’eau est patrimoine national et ne peut donc de ce fait être une propriété privée. Une commune « riche en eau » ne peut se considérer propriétaire des sources ou des nappes présentes sur son territoire. Comme la dérivation ou le prélèvement d’eau sont au niveau départemental du ressort préfectoral, une commune, voisine ou non, peut demander au Préfet l’autorisation d’aller prélever dans la commune « riche » l’eau nécessaire à la satisfaction de ses besoins. C’est le Préfet qui juge du bien-fondé de la demande. Par exemple, il ne devrait pas autoriser une dérivation pour arroser des espaces verts ou un terrain de golf, si une commune du secteur présente des difficultés pour fournir de l’eau potable à ses abonnés.
L’usage « eau potable » est considéré comme prioritaire. Mais d’autres usages liés à une activité économique importante peuvent se révéler également prioritaires. La survie d’industries ou d’exploitations agricoles peut dépendre de la disponibilité de l’eau. Comment arbitrer ? Il existe bel et bien des structures de concertation entre usagers, le Préfet peut piloter une Commission « sécheresse », mais dispose-t-on de chiffres fiables pour discuter ? Combien de forages individuels sont déclarés ? Combien sont dotés de compteurs ? Même question pour les prises d’eau en ruisseau ou en rivière ! Il faut savoir que les forages d’un débit inférieur à 8 m3 par heure sont dispensés de déclaration. Pourtant avec un débit de 8m3 par heure, on pourrait alimenter en eau potable un village de 500 habitants. Alors, sur quels chiffres se baser pour établir les priorités ?

 Où sont les ressources en eau ?

Il existe les eaux superficielles, rivières et lacs de retenue comme le Salagou, et les eaux souterraines.

En surface

Dans la région, le long des fleuves côtiers (Vidourle, Hérault, Orb), les nappes alluviales sont largement exploitées, parfois même surexploitées. La nappe étant en équilibre avec la rivière, les pompages excessifs en rive provoquent l’assèchement du cours d’eau. Le débit de la rivière devient alors insuffisant pour diluer correctement les rejets de stations d’épuration.
Ces ressources alluviales présentent des facilités d’exploitation et de prospection. Du fait de la bonne filtration offerte par les sables et graviers de bordure de rivière, elles peuvent facilement être transformées en eau potable. Par contre, afin d’éviter toute contamination, il faut s’assurer que les ouvrages de puisage ne soient pas submergés en période de crue.

Sous terre

L’autre grande famille de ressources souterraines se rencontre dans le karst, c’est-à-dire dans les massifs calcaires plus ou moins fissurés. A l’échelle du Bassin Rhône-Méditerranée-Corse, le Schéma Directeur de Gestion des Eaux indique que la recherche de nouvelles ressources devra s’orienter vers les réserves des massifs calcaires, comme le Vercors par exemple. Mais, du fait des dolines, gouffres et galeries, la circulation de l’eau y est rapide et la filtration naturelle parfois inexistante. Après de fortes pluies, l’eau se trouble rapidement. Un traitement de filtration est donc nécessaire. De plus, ces ressources sont difficiles à exploiter, les forages d’essais sont souvent infructueux, et les circulations souterraines imprévisibles.

Dans notre région

Le karst du Lez est exploité de façon intensive par la ville de Montpellier. A l’initiative du Département, des prospections sont en cours en bordure de l’Hérault, dans le site des Cent Fonts, en amont de Saint Guilhem Le Désert. Il n’est pas facile de déterminer le potentiel en eau de ce site aquifère. Des essais grandeur nature à différentes périodes de l’année permettront d’évaluer les productions possibles tout en ménageant l’impact sur le milieu naturel (vie cavernicole, débit du fleuve,...). Mais il ne suffit pas de trouver de l’eau, encore faut-il savoir comment l’exploiter. Les communes du secteur doivent évaluer leurs besoins et ainsi justifier une demande de dérivation. Le secteur qui pourrait utiliser cette ressource s’étend d’Aniane et Gignac jusqu’aux communes limitrophes du nord-ouest de Montpellier. Les ressources sont mal réparties : les Causses voient leur eau de pluie disparaître à quelques centaines de mètres sous terre et ressurgir à la Vis, à la Buèges...
Une contradiction apparaît : les autorités sanitaires pencheraient vers les puits en nappe alluviale à cause de la filtration naturelle, alors que les services de protection de l’environnement souhaiteraient l’abandon partiel de ces puits au profit de recherches dans le karst.

 Quelle qualité de ces ressources ?

Beaucoup de ressources en eau de la région sont affectées au moins partiellement par des pollutions diffuses de type pesticides, mais sans atteindre des teneurs élevées.
Pour les pollutions d’origine domestique, les mises aux normes des stations d’épuration laissent espérer une amélioration de la qualité des eaux en milieux naturels pour les 5 à 10 ans à venir. D’ici-là, nous pouvons agir pour utiliser des produits moins polluants, lessives sans phosphates, vinaigre d’alcool pour détartrer au lieu de produits chimiques élaborés, parfumés et livrés dans de beaux emballages...

 Que penser des transferts d’eau ?

Les techniques de transfert d’eau ne sont pas nouvelles. L’aqueduc du Pont du Gard qui a permis l’essor de Nîmes en est un exemple. La ville de Paris a capté il y a un siècle les principales sources de sa région et les transfère par des aqueducs de 60 à 80 km de longueur.
Le canal du Bas-Rhône-Languedoc (BRL) prélève de l’eau du Rhône, près du débouché du Gardon. Il se termine à Mauguio. Le long de son parcours, des stations de pompage renvoient l’eau dans des périmètres irrigués ou dans des réseaux d’eau brute sous pression, comme celui arrivant à St Mathieu de Tréviers. La ville de Montpellier est un très gros client de la société BRL à double titre : l’eau du canal est utilisée dans une station de production d’eau potable complétant l’approvisionnement par le Lez. En été, pour donner un peu de vie au Lez entre l’Hôtel de Région et la mer, on augmente son débit par un apport d’eau du Rhône - quelques centaines de litres par seconde - au niveau de Clapiers-Agropolis .
Aujourd’hui, les grandes infrastructures de transfert d’eau sont passées de mode. On tente en priorité une politique d’économie d’eau avant de se lancer dans un projet d’ampleur. Pourtant, grâce à l’existence du canal du BRL ou du Canal de Provence - créés au départ pour l’irrigation - les départements de l’Hérault, des Bouches du Rhône, du Var n’ont pas trop souffert de la sécheresse. Les discussions au sujet de ces grands ouvrages ressemblent à celles autour des projets d’autoroute : on peut se poser la question de l’utilité avant, mais une fois l’ouvrage réalisé, faut-il continuer à le contester ou au contraire l’utiliser au mieux ? Actuellement, le canal BRL est sous-utilisé. Si le besoin s’en faisait sentir, il pourrait être prolongé, sous forme de gros tuyau, vers Perpignan et Barcelone.

 Comment trouver de l’eau autrement ?

Dans l’Hérault, les besoins correspondant uniquement à l’usage « eau potable » représentent 2% de la hauteur de pluie annuelle. Le reste va aux cours d’eau, aux plantes qui l’évaporent en majeure partie, ou s’infiltre et alimente les nappes. D’où l’intérêt de stocker sur place les pluies. Un stockage individuel de l’ordre de 5 à 10 m3 (soit 2 fosses septiques) permettrait une valorisation locale de l’eau et une diminution notable des ruissellements par fortes pluies.

Aujourd’hui, l’utilisation d’eau de mer dessalée dans les réseaux d’eau potable des villes littorales en substitution des ressources souterraines augmenterait la facture d’eau annuelle d’un foyer d’environ 100 euros. A première vue, ce surcoût peut paraître raisonnable, mais les technologies sophistiquées mises en jeu sont gourmandes en énergie, il faut donc s’attendre à une évolution prochaine de ces coûts.
Notons que les besoins en énergie pour le dessalement de l’eau de mer sont supérieurs à ceux nécessités par les transferts d’eau.

P.-S.

L’eau, c’est l’affaire de tous.
Ce n’est pas parce que nous vivons dans une région sans problème majeur, qu’il faut perdre de vue que l’eau douce est une denrée rare sur notre planète...

(Merci à Gilian pour sa contribution)

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