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Réflexions sur vignes et vins dans le Pic Saint Loup

mardi 29 mars 2011, par Clavel Jean

Suite à la présentation du SCOT (schéma de cohérence territoriale) par le Syndicat mixte SCOT Pic-Saint Loup-Haute Vallée de l’Hérault aux PPA (personnes publiques associées) le 17 mars 2011 à Saint Mathieu de Tréviers, sous la présidence de Mme Véronique Tempier , par ailleurs maire de Saint Vincent de Barbeyrargues.
Références : 3 documents, Livre 1, livre 2, livre 3 sur le site http://www.scot-picsaintloup.fr sur lesquels il est demandé notre avis.

Cette présentation est une situation d’étape, qui sera suivie de l’élaboration du PADD (projet d’aménagement et de développement durable) étape finale du SCOT. Au cours de la discussion qui a suivi cette présentation par les différents bureaux d’études chargés par le Syndicat mixte d’élaborer le SCOT, plusieurs intervenants ont soulevé l’importance de l’agriculture et de la viticulture dans le maintien de l’attractivité du territoire et son équilibre économique et social.

Ils ont démontré les difficultés que l’urbanisation parfois incohérente et souvent rapide de nombreuses communes causait à ces activités. Le débat sur la capacité d’accueil de nouvelles populations sur ce territoire, était un volet significatif du conflit d’intérêt existant entre le maintien d’une activité agricole et viticole significative et le développement d’un habitat pavillonnaire par des promoteurs immobilier à la recherche de marges confortables, encore que ces expressions étaient masquées par des paroles politiquement correctes.

II est clair que les terres agricoles facilitent l’implantation de ces types d’habitat, les VRD (voies et réseaux divers) étant moins coûteuses et plus faciles, que celles réalisées sur des espaces non agricoles situés sur les pentes des garrigues voisines, pourtant largement disponibles et favorables à un urbanisme qualitatif. La nécessité d’une protection des espaces agricoles, dans le cadre du SCOT devrait s’imposer aux communes qui usent de leur pouvoir pour classer les terrains agricoles dans ceux à urbaniser. Cette situation de concurrence est plus aiguë dans la zone du Pic Saint Loup, car les terres agricoles y sont rares, étant donnée la topographie, alors que les espaces naturels non agricoles, autrefois utilisés en qualité de parcours de troupeaux ovins ayant disparu, sont très vastes.

Ces réflexions générales étant formulées j’en viens à mes réflexions viticoles sur les travaux des bureaux d’étude.

La viticulture du Pic Saint Loup a une histoire ancienne et récente ayant des caractéristiques particulières qui conditionnent et indiquent l’orientation de son futur , dans les circonstances des marchés nationaux et internationaux actuels des vins et de l’évolution de la demande ,en particulier oeno-touristique, des populations européennes.

L’encépagement ancien du Pic Sain Loup était composé de cépages très productifs inadaptés à l’évolution moderne de la consommation.

Une transformation radicale du vignoble a eu lieu, de nature un peu différente, pour les vignerons indépendant plus orientés vers l’AOP (anciens AOC) et pour les viticulteurs en cave coopérative majoritairement producteurs d’IGP (anciens vins de pays), c’est ce qui explique certaines divergences statistiques entre ces deux catégories. Je n’ai pas le sentiment que les rédacteurs du projet de SCOT aient eu conscience de ces réalités. Ils ont copié-collé, des phrases, des analyses générales sur la viticulture du Languedoc Roussillon, qui sont éloignées du vécu des vignerons du Pic Saint Loup. L’ensemble des 3 « livres » de la présentation du SCOT donne l’impression d’une volonté de transformer cet espace rural, dans sa diversité, et son attrait, en zone urbaine, soumise à ses nombreuses contraintes. Des arguments faussés comme les dangers pour la population de l’utilisation de fongicides, insecticides et autres herbicides par les viticulteurs, désignent ceux-ci comme altérant la nature et les eaux de consommation, alors qu’il est démontré que le développement de la culture Bio et Raisonnée, la réduction des rendements permettant à la vigne de résister aux prédateurs et atteintes de maladies, réduit considérablement l’appel à des pesticides dangereux. Des réflexions peu fondées, par exemple page 48 du livre 1 , une production labellisée qui ne correspond pas au foncier ? qu’est ce à dire ? ou les oliviers qui auraient une valeur ajoutée supérieure à la vigne ?? surfaces en olivier et en vigne ??, est ce que 1% de la SAU peut avoir un effet global sur 99% de la SAU ?

Page 49 du L1, une donnée qui mériterait une analyse sérieuse et une justification de son origine : Produit brut viticole à l’hectare des viticulteurs en cave coopérative1 656 €, celui des Caves particulière 10 084 € (il serait plus judicieux de préciser Vigneron Indépendant), ces données ne sont absolument pas comparables, le viticulteur en cave coopérative fournit des raisins à l’entreprise, qui elle-même supporte tous les coûts intermédiaires, élaboration, conservation, conditionnement, commercialisation des vins, alors que le vigneron indépendant assume tous ces coûts et les fait apparaître dans le coût final et le prix de vente ainsi que son produit brut à l’hectare .

Certaines incohérences auraient mérité un approfondissement, par exemple en page 46 du livre 2, il ne faut pas confondre volume de production et chiffre d’affaire, le diminution du volume produit est souvent corrélé d’une augmentation de la valeur produite.

En ce qui concerne les perspectives de l’activité agricole et viticole du livre 3, on aurait aimé retrouver dans le chapitre sur les potentialités de développement et de valorisation, des orientations de développement des activités agricoles et viticoles et la définition de moyens pour y parvenir. La faiblesse de l’argumentation du maintien d’une activité agricole et surtout viticole est notable, c’est une priorité défaillante.

Enfin, en ce qui concerne la viticulture, le langage et les analyses sont obsolètes, une transformation totale des règles de production et de mise en marché, ont eu lieu au plan européen (OCM 2010) et application à la France. La terminologie et les principes d’action ont profondément changés, désormais il y deux catégories de vin, les vins avec indication géographique (AOP et IGP) et les vins sans indications géographique (VSIG) ,la décision de supprimer les droits de plantation est prise au plan européen et sera appliquée en France en 2014 ou 2018 , et aura des conséquence très importantes , la liberté de plantation sauf pour les AOP et IGP qui appliqueront les règles fixées par leur cahier des charges, mais pourront utiliser les surfaces classées mais non plantées. (l’Etat qui gérait ces conditions de production s’est totalement désengagé à terme)Les VSIG dont la production est principalement destinée à l’export vers les nouveaux pays consommateurs, pourront être plantées en tous lieux agricoles sans formalités administratives et sans coût de cotisations, et utiliser librement l’irrigation, ou la mécanisation totale dont la taille. Ces vins pourront tout de même utiliser les noms de cépage et le millésime.

Par ailleurs une évolution importante est en cours dans l’appellation AOP Pic Saint Loup, qui sera suivie de celle des Grès de Montpellier et ensuite des Terrasses du Larzac, Le nom des vins Pic Saint Loup est né dans les années 1950, de la définition des terroirs VDQS (vins délimités de qualité supérieure) initiée par Philippe Lamour. C’était alors une définition communale. Par la suite (1985) le classement, par l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine) en AOC de l’ensemble des Coteaux du Languedoc dont Pic Saint Loup fait partie a entraîné une délimitation parcellaire des zones communales, seules les parcelles retenues au plan qualitatif sont aptes à produire de l’AOC Coteaux du Languedoc-Pic Saint Loup. Une nouvelle évolution doit conduire à l’indépendance de l’AOP Pic Saint Loup, en même temps que l’élargissement de l’aire à 3 nouvelles commune : Assas, Guzargues et Vacquières. Mais cette transformation va entraîner une nouvelle délimitation parcellaire plus restrictive pour Pic Saint Loup, les parcelles non retenues pourront continuer à produire de l’AOP Languedoc (nouveau nom des Coteaux du Languedoc).

Ces transformations règlementaires conduisent les vignerons et les caves coopératives a différencier leurs pratiques de production et de mise en marché pour les adapter au marché international selon une hiérarchie qui peut être définie de la façon suivante :

  1. 1°) VSIG (anciens vins de table bénéficiant de nouvelles conditions de production et d’étiquetage) Liberté totale de production suivant des critères internationaux
  2. 2°) IGP (anciens vins de Pays) dont Pays d’Oc est l’exemple de réussite, avec cahier des charges de production, sans délimitation parcellaire.
  3. 3°) AOP Languedoc, aire de production régionale, délimitation parcellaire, pouvant recevoir le déclassement des appellations de niveau supérieur
  4. 4°) Pic Saint Loup, niveau supérieur de production restrictif, parcelles cépages, rendement ha, produit d’excellence s’adressant à une clientèle de connaisseurs acceptant un niveau de prix élevé, et donnant une image positive à l’ensemble des produits régionaux.

L’oeno-tourisme, s’appuyant sur la notoriété des vins hauts de gamme, est un facteur important de développement du secteur . Le succès confirmé de l’initiative des « Vignes Buissonnières » réunissant des milliers d’amateurs de vins et de gastronomie parcourant les superbes paysages du Pic en est la démonstration éclatante.

Il faut souhaiter que le SCOT dans sa version définitive, permettra à sa région d’application, de conserver sa fonction de zone rurale équilibrée entre urbanisation raisonnée et poumon vert de l’agglomération Montpelliéraine en expansion rapide.

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