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Mormellicum - Puech de Mourgues (3/4) : chronologie, topographie

samedi 27 octobre 2007, par Genty Pierre-Yves, Schneider Laurent

 4. Chronologie

Malgré l’absence de toute donnée de fouilles et l’extrême rareté des vestiges visibles au sol, c’est l’image de la répartition des artefacts archéologiques accompagnée de leur datation qui permet d’interpréter le site comme une véritable agglomération.

4.1. Antécédents

Après une fréquentation humaine de la colline au cours de la Préhistoire récente, bien attestée en différents points (fig. 2 : 1 et 2) et plus confusément répartie sous les zones d’occupation ultérieure, le site est réoccupé durant le 1er âge du fer, aux VIe-Ve siècle av. n. ère et peut-être au IVe siècle. D’après les prospections de surface, cette première bourgade pouvait être plus vaste que celle de l’Antiquité tardive car les artefacts céramiques (amphores étrusques et massaliètes essentiellement) se dispersent en direction du sud et du nord, bien au-delà des limites supposées de l’agglomération antique (fig. 2 : A, B, C). Il est vrai cependant que l’on ne peut préciser si les mobiliers, découverts sous les escarpements méridionaux ainsi que sur les pentes inférieures orientales, correspondent réellement à la présence d’habitats ou à une distribution produite par l’érosion ou encore par la mise en culture des pentes à l’époque moderne. Finalement, la différence d’occupation avec la période ultérieure n’est pas tant dans l’importance de la surface occupée mais plutôt dans un léger glissement de l’assiette des sites. Des vestiges de murs formés de gros blocs qui pourraient appartenir à la phase d’occupation du 1er âge du fer sont d’ailleurs situés en dehors de l’emprise du site tardo-antique. Enfin, sur la pente inférieure méridionale, le long de l’axe actuel qui de tout temps a dû servir de voie d’accès à l’agglomération, B. Dedet a fouillé, au lieu-dit Font de la Vie, une tombe à incinération du milieu du Ve siècle avant notre ère (Dedet 1995).

4.2. Époque romaine

L’absence d’amphores italiques et de céramiques sigillées sud-gauloises nous assure de l’existence d’un hiatus de plusieurs siècles entre l’occupation protohistorique et celle de la basse Antiquité. Les lieux ne sont réinvestis au plus tôt qu’à partir de la seconde moitié du IVe siècle, de n. ère et l’occupation s’est prolongée au moins jusqu’au début du Vile siècle.

Fig 3 : Mormellicum et les établissements gallo-romains de ses environs
DAO I.Bermond, d’après les informations de P.-Y. Genty

4.3. Abandon

La date d’abandon de l’agglomération perchée n’est guère aisée à déterminer. La découverte en prospection de surface de quelques fragments de céramiques à pâte kaolinitique pourrait indiquer que l’occupation du site a pu se prolonger au-delà du milieu du Vile siècle, mais l’absence de fragments de bords lors des dernières prospections ne permet pas vraiment de trancher. De manière générale, la plus faible proportion de ces céramiques peut être considérée comme le signe d’une occupation moins importante et sans doute plus lâche. M. Louis (1932 : 10) a toutefois publié une planche de matériel où figurent quelques bords de type Cathma 7 (1993) qui peuvent renvoyer à une occupation des VUe-VIIIe s. Par ailleurs, M. Feugère nous a aimablement signalé la découverte récente sur les pentes méridionales, près du château d’eau, d’un denier mérovingien en argent du Ville s., provenant peut-être des ateliers de Marseille selon M. Bompaire. Enfin, la désignation du site comme castrum, doté d’un ressort territorial dans lequel on localise encore des biens au début du IXe s. puis à la fin du Xe s., est sans doute aussi le signe que les lieux n’étaient pas encore totalement abandonnés à cette date. Pourtant, malgré le soin apporté aux prospections de surface, aucun artefact mobilier ne peut être clairement attaché à cette phase ultime. À ce stade de l’enquête, il y a manifestement inadéquation entre sources écrites et sources archéologiques. Les textes des LXe et Xe s. font peut-être allusion à une réalité administrative (l’organisation d’un territoire) qui aurait survécu à l’abandon de son chef-lieu. C’est également à un problème de ce genre que l’on est confronté sur le site de Cabrières dans l’Hérault (cf. notice).

Enfin, tandis que l’habitat se restructure peu à peu dans la plaine au pied du relief, à proximité de l’église Saint-Bauzille au cours des Xle-XIIe s., la hauteur de Montmel est à nouveau réoccupée durant la première moitié du XHIe s., par un petit établissement monastique implanté sur la partie orientale du plateau sommital, à l’extérieur des limites de l’ancienne agglomération (fig. 2 et 4).

Fig 4 : plan des ruines du couvent Saint-Léon
Dessin de P.-Y. Genty

 5. Topographie

5.1 Organisation générale

5.2 Réseaux

L’agglomération tardo-antique de Mormellicum réoccupe en grande partie le site d’implantation de la bourgade protohistorique. La répartition du mobilier céramique permet de désigner une surface d’occupation minimale qui se répartit • essentiellement dans la partie sud-est du relief, entre la falaise dégradée inférieure et la base des bancs rocheux du couronnement sommital. Comme à l’époque protohistorique la table sommitale a donc été délaissée (fig. 2).

L’établissement tardo-antique occupe deux grandes terrasses séparées par une strate rocheuse de faible importance. D’une largeur moyenne de 70 à 100 m pour une longueur d’environ 500 m, l’agglomération atteint 4 à 5 ha de superficie tandis que les habitations s’étagent sur environ 20 m de dénivelée avec une terrasse haute moins large que la terrasse basse. Aux deux extrémités de cette zone, les indices s’estompent et permettent de distinguer en sus de cet habitat principal, l’agglomération proprement dite (fig. 2 : A et B), d’autres points d’implantation distribués tout autour du relief entre les deux falaises. Certes quelques-uns de ces points (fig. 2 : C et D) pourraient correspondre à une extension possible de l’agglomération, voire à des secteurs de culture intensive sur des parcelles fortement amendées, mais d’autres (fig. 2 : E à H), topo-graphiquement très bien détachés de l’agglomération proprement dite signalent l’existence de petits établissements annexes, peut-être liés à un système de défense de la hauteur.

En dessous de la falaise dégradée, rehaussée sur tout le flanc sud-est d’un rempart, les indices tardo-antiques demeurent encore omniprésents, mais les conditions de prospections rendues très difficiles par la densité de la végétation ne permettent pas de préciser si la présence de ce mobilier est liée à l’action de l’érosion, à des mises en culture ou à une réelle extension de l’agglomération en dehors du rempart.

5.3. Édifices publics

Bien qu’il soit très dégradé, des sections d’un rempart maçonné, formé de gros blocs et conservé tout au plus sur deux à trois assises, sont partiellement visibles en bordure de la falaise inférieure du côté sud. Un seuil d’entrée aujourd’hui détruit était autrefois visible par l’intermédiaire de deux trous de crapaudine profonds d’une dizaine de centimètres et distants de 3,70 m (Louis 1932 : 8).

5.4. Habitat

Les sondages effectués au début du siècle laissent encore apparaître en plusieurs lieux des sections de murs maçonnés liés au mortier, se croisant parfois perpendiculairement. Certaines de ces architectures utilisent par ailleurs un matériau non local, du calcaire coquillier.

5.5.Installations spécialisées

L’abondance des scories de fer signalées au début du siècle atteste l’existence d’activités de forge. C’est peut-être là une première caractéristique de ce type d’agglomération que d’être vouée en partie à l’artisanat du fer. Une observation identique a, du moins, été effectuée sur le proche site de Pampelune à Argelliers, agglomération tardo-antique comparable à bien des égards avec celle de Mormellicum.

5.6. Nécropoles

À l’extrémité septentrionale de l’agglomération tardo-antique, plusieurs dalles dressées trahissent peut-être l’existence d’une tombe en coffre du haut Moyen Âge, à moins qu’elles n’appartiennent à un lambeau de mur en orthostate, technique de construction par ailleurs bien attestée sur les sites du haut Moyen Âge des garrigues.

Sur le versant méridional du relief, le long de la voie d’accès actuelle au relief qui perpétue sans doute un itinéraire plus ancien, fut découverte une tombe en bâtière de tuiles (Louis 1932 : 19-20).

P.-S.

Avec l’aimable autorisation de Pierre-Yves Genty et Laurent Schneider. Dactylographie : Luc Perrey.

Cette page est une partie de l’article "Mormellicum (Puech des Mourgues)" extrait de "Les agglomérations gallo-romaines en Languedoc-Roussillon, II" sous la direction de Jean-Luc Fiches. Parution en 2002.

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