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Les garrigues : un territoire en mutation - 4 - une dynamique de péri-urbanisation

dimanche 19 mars 2006, par Ibanez Manuel

L’espace des garrigues connaît actuellement de rapides changements. Les villages proches de Montpellier ont, en quelques années, totalement changé de caractère. L’un des aspects les plus visibles est sans nul doute l’étalement urbain autour du vieux bâti des villages des garrigues. Tout ceci démontre une dynamique grandissante de péri-urbanisation autour l’aire urbaine de Montpellier.

La dynamique de péri-urbanisation est une conséquence du phénomène de métropolisation que Jacques Lévy définit comme étant « la concentration de valeur à l’intérieur et autour des villes » (Lévy, 2003). En effet, la majorité des emplois, des activités économiques et commerciales ainsi que des services, est regroupée aujourd’hui dans le secteur urbain. La population y est en augmentation engendrant une hausse de la demande en logements.

Parallèlement, durant la seconde moitié du 20ème siècle, le revenu moyen des ménages a nettement augmenté. Il en a découlé, entre autres, un développement important du nombre de voitures individuelles. Aujourd’hui, chaque foyer possède au moins 1 ou 2 véhicules. Ainsi, les personnes actives ne sont plus obligées à chercher un logement à proximité immédiate de leur lieu de travail.
De plus, la possession d’une maison individuelle avec son « bout de jardin » est peu à peu apparue comme un symbole de réussite sociale. Le développement des crédits a permis à de nombreux ménages de réaliser ce rêve. Les ventes de lots de parcelles constructibles ont explosé.

Ainsi, en périphérie des grandes villes, de vastes espaces construits, étalés et relativement peu denses (comparés aux secteurs urbains stricts) se sont fortement développés. Ils remplissent essentiellement une fonction résidentielle. C’est ce qu’on appelle des zones périurbaines définies par Jacques Lévy comme étant des « configurations émergentes, situées à la périphérie d’une agglomération, caractérisées par une faible densité (bâti, population, emploi...), une faible diversité (ségrégation sociale et fonctionnelle) mais aussi par une bonne accessibilité au reste de l’espace urbain environnant. » (Lévy, 2003).

Depuis une vingtaine d’années, est apparu l’attrait pour le choix de vie à « la campagne ». De nombreux ménages ont voulu avoir leur maison dans une commune « rurale ». Mais la ville concentrant toujours la plupart des emplois, ces personnes doivent faire de nombreux kilomètres entre leur lieu de travail et leur domicile. Ce phénomène s’accentuant, le réseau routier entre l’agglomération et les villages alentours est amélioré. Du coup, le long de ces axes de communication, l’urbanisation se développe...

Ainsi, peut-on interpréter l’expansion des couronnes périurbaines autour des villes.

Au niveau de la France, le phénomène de métropolisation est très important. Par conséquence, la dynamique de périurbanisation l’est également. L’INSEE estime en 1998 que 9 millions de français vivent dans des espaces périurbains (in Larcher, 1998).

En région Languedoc-Roussillon, la métropolisation de la ville de Montpellier a entraîné une explosion démographique qui se poursuit encore aujourd’hui. La périphérie immédiate de l’agglomération ainsi que la plaine littorale ont été les premières concernées par la dynamique de périurbanisation.

L’expansion des couronnes périurbaines avance peu à peu sur les garrigues du nord de Montpellier. Aujourd’hui, la périurbanisation est même devenu la dynamique principale de transformation de cet espace. La majeure partie de notre zone d’étude est concernée par ce phénomène.

Les principaux critères qui caractérisent le développement de l’urbanisation dans les villages des garrigues sont :

  • la proximité de Montpellier, le phénomène se propageant par cercles concentriques successifs autour de la ville ;
  • une diffusion à partir du bâti déjà existant ;
  • une diffusion le long des principaux axes routiers ;
  • et parfois apparition de nouveaux noyaux d’habitats.

Afin d’illustrer cette dynamique de périurbanisation, nous avons tenté de représenter l’évolution de la surface bâtie du village de Saint-Mathieu-de-Trêviers entre 1961 et 1994 (Cf. ci-dessous). Les données sont issues de cartes d’occupation du sol réalisées à partir de photos aériennes (Chojnacki, 1997, Ducau, 1999, Cheylan, 2002). Au pied du Pic Saint-Loup, Saint-Mathieu-de-Trêviers se situe à moins de 20 km au nord de Montpellier. Sa population est passée de 500 habitants en 1962 à plus de 3700 en 1999. Les surfaces bâties, elles, ont été multipliées par 5 entre 1962 et 1994. On observe une urbanisation de part et d’autre de la route principale, autour du vieux village mais également l’apparition d’un nouveau quartier sur une colline autrefois totalement non bâtie au niveau du lieu-dit les avants.

Surfaces bâties en 1961
Surfaces bâties en 1994

Bibliographie :

CHOJNACKI, N., 1997. Viticulture de qualité et péri-urbanisation : un SIG pour l’analyse des dynamiques antagonistes en périphérie montpelliéraine, Mémoire DESS SIG, Univ. Caen.

CHEYLAN, J.-P., 2002. Dynamique des paysages, rénovation viticole et politiques publiques en garrigues de Languedoc.

DUCAU, R., 1999. Politiques publiques et dynamique du vignoble, le cas de 9 communes du nord de Montpellier, Mém. DEA Structures et Dynamiques Spatiales Univ. Avignon.

LARCHER, G., 1998. L’avenir des espaces périurbains. Rapport d’information 292 (98-99) - Commission des Affaires Economiques

LEVY, J. & LUSSAULT, M., 2003. Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés. Belin. 1033 pp.


Cet article est tiré du mémoire :
Ibanez, M., 2005. « Les territoires proches d’une aire urbaine : complexité de la gouvernance territoriale. Etude exploratoire appliquée à l’espace des garrigues du nord de Montpellier. ». Mémoire de Master ADE, Institut de Géoarchitecture, 104 p.

Présentation du mémoire : « quel avenir pour les garrigues du Pic Saint-Loup ? »


Voir aussi :

Significations du mot « garrigue »

Les garrigues : un paysage façonné par des facteurs naturels

Les garrigues : un paysage façonné par une longue occupation humaine

Les garrigues : un territoire en mutation. 1 - une forte croissance démographique

Les garrigues : un territoire en mutation. 2 - une population active qui ne travaille pas sur place

Les garrigues : un territoire en mutation. 3 - de grands bouleversements dans le secteur agricole

Les garrigues : un territoire en mutation. 4 - une dynamique de péri-urbanisation

Les garrigues : un territoire en mutation. 5 - péri-urbanisation : de nouveaux enjeux pour le territoire

Les garrigues : un territoire en mutation. 6 - les garrigues aujourd’hui : un territoire rural ou urbain ?

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