Accueil LOUPIC : le Pic Saint Loup et villages alentour

Accueil > Partout > Le bombyx disparate Porthetria (Lymantria) Dispar

Le bombyx disparate Porthetria (Lymantria) Dispar

mercredi 18 mai 2005, par Rouquette Sylvie

Nous reproduisons ici la plaquette du Département Santé des Forêts consacrée au bombyx disparate. Elle complète l’article précédent (ici) en présentant de façon synthétique les éléments biologiques, la dissémination, l’impact sur l’environnement, les méthodes de lutte envisageables et des éléments de réflexions sur leur mise en oeuvre.

Sommaire :
#TABLEMATIERES

La chenille de ce papillon est un ravageur des peuplements feuillus, commun dans les pays du Sud et de l’Est de l’Europe ainsi que sur le continent Nord américain.
En France, son aire de répartition couvre la totalité de la chênaie et ses apparitions restent marquées dans les mémoires forestières par l’intensité des dégâts de défoliation.

 -Biologie


Les papillons volent de mi-juillet à mi-août. Ils vivent quelques jours.

Les femelles, de couleur blanc crème, peu mobiles, restent "accrochées" sur le tronc des arbres, à proximité de leur lieu de sortie, alors que les mâles, attirés par une phéromone sexuelle, volent dans les peuplements à la recherche des femelles.
L’accouplement débute quelques heures à peine après l’émergence des papillons.
La femelle fécondée pond en général sur le tronc des arbres ; en cas de pullulation, elle peut déposer sa ponte sur d’autres supports, végétaux ou non (poteaux, barrières, rochers...).

La ponte est composée de plusieurs couches d’oeufs. Elle forme un amas de 1 à 6 cm de long sur 1 à 3 cm de large, recouvert du duvet abdominal de la femelle, ce qui lui donne un aspect de petite éponge couleur jaune ocre à brun. Chaque ponte contient de 100 à 800 oeufs.

Ces pontes peuvent facilement passer inaperçues lorsque le niveau de population de l’insecte est très faible, car elles sont souvent déposées à la base des arbres, et parfois cachées par des mousses ou des lichens.

Le développement embryonnaire est très court. Les oeufs, en hiver, contiennent déjà les jeunes chenilles en diapause. Ils éclosent au printemps, entre fin mars et fin avril, dès que les conditions de température deviennent favorables au débourrement des chênes.

Le développement complet de la chenille dure 2 à 3 mois et s’effectue en 4 à 6 stades larvaires (selon le sexe, les conditions climatiques et les disponibilités alimentaires).

A leur naissance, les chenilles mesurent 3 mm ; au dernier stade larvaire, elles atteignent une longueur de 5 à 7 cm. Tous les stades sont velus.

Les chenilles du premier stade larvaire restent quelques jours au niveau de la ponte puis elles gagnent le feuillage des arbres. Là, elles se nourrissent des jeunes feuilles et des bourgeons floraux. Au cours de cette phase, la dispersion par le vent des jeunes chenilles peut être très importante.

Les habitudes alimentaires des chenilles diffèrent en fonction du stade larvaire : au premier stade, elles ne consomment que la face inférieure des feuilles. Au deuxième stade, elles découpent les limbes.

A partir du troisième stade, elles se nourrissent plutôt la nuit et se reposent le jour dans des sites abrités (écorce, litière...).

A partir du quatrième stade, la reconnaissance des chenilles est facilitée par l’apparition d’ornementations dorsales : 5 paires de verrues bleues vers la tête et 6 paires de verrues rouges vers l’abdomen.

En fin de développement larvaire (fin juin à début août), les chenilles se transforment en chrysalides après avoir rejoint les parties inférieures du tronc et confectionné un léger tissage. En cas de pullulation, plusieurs chrysalides peuvent être groupées en amas et former un fourreau autour des troncs et des branches.

Le développement nymphal dure environ 15 jours, entre fin juin et mi-août, puis les nouveaux papillons apparaissent.

 -Dissémination des insectes

Les chenilles du premier stade sont très velues. Leur corps porte des poils longs (parfois plus longs que le corps) et des poils courts (portant une petite vésicule d’air) qui favorisent la dispersion par le vent, parfois sur plusieurs dizaines de kilomètres. Ceci explique l’apparition de nouveaux foyers, quelquefois très importants, dans des sites où ni ponte, ni chenille n’avaient été observées précédemment.

A partir du troisième stade, la chenille devient d’autant plus mobile que la nourriture se fait de plus en plus rare sur l’arbre sur lequel son développement a débuté. En cas de pullulation, on assiste à des migrations de chenilles parfois spectaculaires.

 -Dégâts


Les chenilles du bombyx disparate présentent une nette préférence pour les chênes. Toutefois elles sont très polyphages et en cas de pullulation, le hêtre, le charme, le peuplier, le bouleau, les saules, les érables, les tilleuls, les aulnes mais aussi les pins, l’épicéa, le mélèze, les sapins et le Douglas peuvent être défoliés, ainsi que la végétation arbustive ou herbacée.
Les chenilles, très voraces, gâchent les limbes plus qu’elles ne les consomment et l’on trouve fréquemment des débris de feuilles au pied des arbres.
Lorsque les populations augmentent (début de gradation), ce sont préférentiellement les peuplements ouverts, à faible potentialité, ainsi que le lisières, qui semblent offrir les sites les plus attractifs. Cependant, dès qu’il y a pullulation, tous les types de peuplements peuvent être colonisés.

En Europe occidentale, on n’a jamais observé plus de deux années consécutives de défoliation totale sur le même peuplement et les populations s’effondrent presque aussi rapidement qu’elles apparaissent, notamment du fait de l’action de facteurs naturels.
Dans certains pays de l’Est et du Sud de l’Europe, les pullulations de bombyx disparate peuvent provoquer des défoliations sur des surfaces considérables (plusieurs dizaines de milliers d’ha). Des défoliations d’une telle ampleur sont peu observées en France.

Les défoliations, même totales, ne provoquent pas la mortalité directe des arbres. Toutefois, elles peuvent largement compromettre les glandées et la reprise de jeunes plantations ou régénérations. De même, des défoliations totales et successives peuvent constituer des facteurs supplémentaires d’affaiblissement pour les peuplements déjà déficients.

Dans les forêts à vocation touristique et les forêts suburbaines, les nuisances viennent des chutes et des "divagations" des chenilles (qui peuvent envahir jardins, façades de maison...), ainsi que de l’aspect "hivernal" des arbres défoliés.

Contrairement au bombyx cul brun et aux processionnaires du pin et du chêne, les chenilles ne possèdent pas de poils urticants, mais leur contact est désagréable.

 -Variation et suivi des populations

Les niveaux de population du bombyx disparate passent par des pics de culmination qui durent rarement plus de 2 ans, au cours desquels les insectes, très nombreux, peuvent commettre des défoliations plus ou moins intenses. Entre deux culminations, l’insecte reste présent à l’état endémique, pendant des périodes de latence variant de 6 à 12 ans.

Ces fluctuations dépendent de nombreux facteurs capables d’influer sur la multiplication et la survie des populations. Les plus importants semblent être la qualité et la quantité de nourriture, et un cortège d’ennemis naturels, actif à chaque stade de développement (de la ponte à la chrysalide en passant par la chenille). Une virose, la polyédrose nucléaire peut parfois décimer des populations entières.

La recherche et le dénombrement des pontes pendant l’hiver permettent d’évaluer approximativement la densité locale des insectes et de définir par grandes zones concernées les risques de défoliation.

 -Lutte

La lutte n’est ni nécessaire, ni souhaitable dans tous les cas. Elle ne doit en effet être envisagée que certaines années et dans certaines situations. II faut alors bien suivre le cycle biologique de l’insecte afin d’intervenir au bon moment, c’est-à-dire sur les stades les plus sensibles.

Lorsque les insectes sont en phase d’installation et que les pontes sont en très faible quantité, il est possible de procéder à leur grattage (en période hivernale) pour en détruire le maximum. Cette méthode est difficilement envisageable à une échelle forestière, mais s’avérer intéressante en parcs et jardins.

Par ailleurs, pour éviter des dégâts importants aux jeunes peuplements, il est conseillé de différer les plantations d’une ou deux années dans les zones subissant une pullulation de l’insecte.

La lutte, chimique ou biologique, n’a pas pour but de détruire tous les insectes et ne permet pas d’éviter de nouvelles pullulations. Elle a pour objectif la protection des peuplements les plus sensibles :

  • en forêt de production, dans les très jeunes peuplements déjà installés (plantation ou semis), une intervention peut être envisagée lorsque les défoliations menacent leur avenir. Par ailleurs, lorsque l’on cherche à protéger des fructifications longuement attendues en vue d’une régénération naturelle, il peut être nécessaire de prévoir localement une action curative,
  • en forêt péri-urbaine, en particulier dans les zones d’habitations (lotissements, parcours de santé...), le confort des usagers peut motiver un recours à la lutte.

Lorsqu’une lutte active est décidée, il convient de choisir un insecticide adapté. Deux sortes de produits sont homologués pour lutter contre le bombyx disparate :

  • les produits biologiques sont confectionnés à partir de la bactérie inactivée Bacillus thuringiensis (var. kurstaki). Ce sont les plus sélectifs, mais aussi les plus complexes à mettre en oeuvre. L’ingestion des toxines entraîne un arrêt très rapide de l’alimentation des chenilles qui meurent en quelques heures,
  • les benzoylurées, tels que le Diflubenzuron, sont des produits chimiques assez sélectifs. Agissant par ingestion, ils perturbent la mue sans entraîner d’arrêt de l’alimentation jusqu’à cette échéance. Le Diflubenzuron, de par son mode d’action et sa rémanence, convient bien sur les jeunes stades larvaires, mais moins bien sur les stades plus avancés car les dégâts se poursuivent jusqu’à la mue suivante.

Ces produits sont épandus par voie terrestre ou aérienne, au printemps, sur les jeunes chenilles du premier au troisième stade larvaire.

L’homologation de ces produits pour la lutte contre le bombyx disparate garantit leur innocuité à l’égard de la santé humaine et de l’environnement dans les conditions normales de leur utilisation. La liste des produits commerciaux homologués ou en cours d’homologation peut être obtenue auprès du Département de la Santé des Forêts ou des Services de la Protection des Végétaux.

P.-S.

Source : plaquette du Département Santé des Forêtes du Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche et de la Ruralité. 2ème trimestre 1994. Réalisé en collaboration pat : le Département de la Santé des Forêts, le CEMAGREF, l’INRA, l’USDA.
Dossier Loupic : Bombyx disparate

5 Messages

  • > Le bombyx disparate Porthetria (Lymantria) Dispar Le 29 mai 2005 à 10:32, par Centre Rando équestre CAVALCADE Puéchabon

    Bonnes nouvelles de Puéchabon !
    Les magnifiques "Calosoma sycophanta", gros scarabées
    de couleur irisée et tueurs zèlés
    des affreux Bombyx disparates, sont arrivés en grand
    nombre et on peut les voir courir sur les chênes et
    faire un vrai carnage de chenilles...
    Au rhytme où ils travaillent, nous avons bon espoir
    d’être débarrassés des Bombyx avant leur phase de
    reproduction !

    Répondre à ce message

  • Bonjour, J’habite à la lisière d’un bois en Charente-maritime et c’est la désolation : on se croirait en hiver ! les chenilles bombyx ont aussi envahi le jardin et même la maison. Mon compagnon qui essaye de stopper leur ascension en collant des bandes collantes sur les deux faces a une rhinite et une toux importante plus de la fièvre : pensez-vous que cela puisse être une allergie ?

    Répondre à ce message

Répondre à cet article

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0