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L’histoire du Triadou (1/5)

lundi 18 juin 2007, par Euzet Jean-Claude

Le Triadou est une petite commune de l’Hérault qui se trouve à 19 km de Montpellier, 6,5 km de Prades-le-Lez, 5,5 km de Céceles, 4 km des Matelles, 4 km de Saint-Mathieu-de-Tréviers et 2,5 km de Saint-Jean-de-Cuculles. Proche du château de Montferrand et du Pic Saint Loup, elle a fait partie, au Moyen Age, de cette "confédération" de paroisses que l’historien J. ROUQUETTE a heureusement nommée "La République de Montferrand". C’est de cette ancienneté dont nous voulons parler dans ces articles, en utilisant les pièces d’archives qui sont encore à la disposition des chercheurs.

Le Triadou d’après la carte de Cassini

1/ Des AGULHON aux EUZET, en passant par les TRIADOU.

Quand on porte le nom d’EUZET et que l’on se décide à écrire quelques mots sur l’histoire du Triadou, c’est un peu comme si l’on voulait écrire sur sa propre maison car les EUZET y sont restés du XIVème siècle (au moins à partir de 1368) jusqu’au début du XXème siècle. On verra dans un autre article que d’autres familles sont également bien représentatives de l’histoire de cette petite commune, comme les BERTIN, les (de) LATOUR, les AZEMAR les PLAGNOL ou les PEPIN. En fait, l’histoire d’un village n’est pas séparable de l’histoire de ses habitants. Bien au contraire, c’est grâce à l’histoire de ces familles que l’on peut reconstituer, aujourd’hui, quelques bribes de l’histoire de Saint Sébastien de Cassagnas depuis le XIIIème siècle.

L’ancien nom de la paroisse vient du gaulois cassaniatis, endroit de chênes, et le nouveau nom, Triatorium, , Triado, Trieude, Triadou, évoque la place du village où, le soir, chaque propriétaire "triait" son propre bétail dans le troupeau que le berger commun avait mené paître.

C’est dans un mémoire du 28 juin 1726 que l’on trouve expliqué le passage d’un nom à l’autre : "Il faut observer que le lieu qu’on appelle aujourd’hui le Triadou se nommait autrefois Saint Sébastien de Cassaignas et (...) que dans le treizième siècle la plus grande partie de cette paroisse ou terroir divisé en plusieurs tenements relevoit de la directe des nommés AGULHONS. Ceux cy vendirent en 1323 cette directe à Bringuier du TRIADOU qui possedoit certains biens mouvans de cette directe comme il paroit par diverses reconnaissances faites par Raymond et Pons du TRIADOU (...). Bringuier du TRIADOU fit hommage de cette directe à l’Evêque de Montpellier en 1332 de sorte que pendant que sa famille la posseda la parroisse changea insensiblement de nom et feut appellée Le Triadou du nom du seigneur directe. Cette directe passa dans la suite sur la tête de Bernard EUZET (...)"

Pour autant, un mas du Triadou existait avant que la famille TRIADOU ne possède "la directe" (le fief) des AGULHON comme il est indiqué dans des actes de 1266 et 1278. Tout pousse à penser que ces TRIADOU habitaient ce mas situé dans la paroisse de Saint Sébastien de Cassagnas. En tout cas, deux reconnaissances de 1332 montrent que plusieurs membres de cette famille y habitaient, alors qu’en 1368, on trouve à leur place, Bernard EUZET. En plus du mas du Triadou, il y avait encore le mas de Puech, le mas de la Figuière et le mas de Cassagnas, dont on perd ensuite la trace (en ce qui concerne le mas de Cassagnas, il existait encore en 1427). Bernard EUZET (originaire du mas d’Euzet de Saint-Gély-du-Fesc) avait épousé Probe DESPRATZ (ou du PRAT, c’est-à-dire du mas de Prat, près de Viols-le-Fort), veuve de Guillaume du TRIADOU, celui qui avait acheté la directe à Raymond AGULHON, en 1323. Cette directe aurait été réservée à Probe DESPRATZ qui l’aurait ensuite "passée" à Bernard EUZET. C’est un point d’histoire qui a fait l’objet d’un long procès mené par le chapitre cathédral de Montpellier aux XVIIème et XVIIIème siècles mais c’est aussi grâce à ce procès que l’on arrive à comprendre un peu l’histoire du Triadou.


Cependant, il ne faudrait pas croire qu’il n’y avait que ces trois familles au Triadou. Dès les XIIIème et XIVème siècles, d’autres noms apparaissent dans des contrats de vente ou des reconnaissances féodales :

  • Contrat de vente, "le troisième des nones d’avril" 1266 par Jean et Guillaume DUMAS, père et fils, à Pons du TRIADOU, d’une pièce de terre située dans la paroisse de Saint Sabastien de Cassagnas, tenement appelé Capmal
  • Reconnaissance faite "le quatorzième des calendes de mai" 1278, par Bernard, Jean et Etienne DUMAS à Bertrand AGUILHON, sous la directe et seigneurie du mas de la Figuiere et le mas de Cassagnas
  • Reconnaissance, le même jour, faite au profit de Bertrand AGUILHON par Bernard de LEVALIER, d’une terre dans la paroisse de Cassagnas, au plan des Terrouges
  • Contrat de vente, le "septième des calendes de décembre" 1287, par Michel DUMAS à Guillaume BOISSIER, d’un parran
  • Contrat de vente (le même jour ?) par Bernard(e), femme de Michel DUMAS à Ermessende, fille de feu Bernard de CLAPAREDE d’une terre dans la paroisse de Saint Sabastien de Cassagnas, tenement du plan Testerousses
  • Reconnaissance du 20.01.1328, par Jean RICOME au profit de Bringuier du TRIADOU, d’une terre dans la paroisse de Cassagnas, terroir appelé de Moliere
  • Reconnaissance du 14.03.1328, au profit de Bringuier du TRIADOU, par Aigline de COMTERES (?), femme de Bernard, d’une terre dans la paroisse de Cassagnas, terroir appelé de Roussere
  • Contrat de vente du 06.10.1328, par Jean DUPUECH, fils de Pierre, à Jean ROUSSEL de deux terres situées dans la paroisse de Cassagnas
  • Reconnaissance du 07.07.1332 par Bernard BOISSIER, au profit de Bringuier du TRIADOU, d’une terre située dans la paroisse de Cassagnas, au terroir de la Deveze et d’une autre terre au plan de Terrousse
  • Reconnaissance du 05.12.1332 par Marc ICARD, au profit de Bringuier du TRIADOU, d’une maison et de terres
  • Reconnaissance du 23.10.1332 par Jean DUMAS, au profit de Bringuier du TRIADOU
  • Reconnaissance du 05.12.1332 par Pons DUMAS, au profit de Bringuier du TRIADOU
  • Reconnaissance du 05.12.1332 par Bernard ROMAND, au profit de Bringuier du TRIADOU
  • Reconnaissance du 05.12.1332 par Jean RICOME, au profit de Bringuier du TRIADOU
  • Contrat de vente le 29.04.1346 par Pierre CHRISTOL, dit Gerard, et Jean, son fils, à Pierre du TRIADOU, fils de feu Bringuier, d’une possession en la paroisse de Saint Sabastien de Cassagnas, lieu appelé les Devez
  • Contrat de vente du 01.04.1353 par Pierre BLAQUIERE, de la paroisse de Viols, comme tuteur de Guillaume BOISSIER, à Martin ROUSSEL, d’un tenement de terres, contenant maison, aire, court, parran et oliviers, situé dans la paroisse de Cassagnas
  • Reconnaissance du 06.02.1360, par Marguire (Marqueze ?) de PUECH, fille de feu Pierre, en faveur des enfants de feu Guillaume du TRIADOU
  • Contrat de vente, le 03.05.1368 par Agnès, femme de Pierre CALMETTE, à Bernard DEUZET, du mas du Triadou
  • Reconnaissance du 17.07.1380 par Jean RAYMOND, à Guillaume du TRIADOU
  • Reconnaissance du 17.07.1380 par autre Guillaume du TRIADOU, Jean DUMAS et Jean BANABREGOU (?), à Guillaume du TRIADOU
  • Reconnaissance du 25.07.1380 par Mathieu RICOME, au profit de Guillaume du TRIADOU


Sous l’Ancien Régime, le Triadou faisait partie de ces paroisses dites de la val de Montferrand où leurs habitants, au moins depuis 1276 avaient réussi à obtenir de l’évêque-comte de Maguelone une série de franchises pour la gestion de leurs intérêts communs. mais au delà de cette histoire de "la République de Montferrand", que sait-on de l’existence proprement dite du Triadou ?

C’est d’abord au détour d’un texte sur la confrérie de Saint Sébastien de Cassagnas que l’on comprend que, pendant la guerre de cent ans, le village a été détruit presque entièrement : "Le local de cette confrérie est sur une petite élévation entre l’église paroissiale et les masures ou étaient autrefois les maisons de Cassagnas et dont il ne reste que très peu de vestiges". Et, plus loin : "Une grande partie des maisons de la paroisse de Saint Sébastien de Cassagnas ayant été détruites et démolies par les guerres civiles et le nombre des paroissiens se trouvant très petit (...)". Ce texte est en quelque sorte une photographie de la situation en 1482.

On peut localiser sans peine cette confrérie et l’église paroissiale en question dans la mesure où le cadastre est encore très parlant et que l’église, c’est-à-dire le prieuré ou encore "la clastre", existe encore, le bâtiment ayant été bien réhabilité. On déduit de ces textes que l’emplacement initial du village se trouvait là et qu’il y a eu un déplacement progressif vers le lieu où il se trouve aujourd’hui, groupé autour de sa nouvelle église.

Voici l’ancien prieuré tel qu’il se présente, aujourd’hui (photos prises en 2004) :

Manifestement, l’histoire de cette paroisse s’est faite autour de ce prieuré sous l’Ancien Régime. En savoir un peu plus sur lui, c’est avancer dans l’histoire de la commune et de ses habitants.

... Lire la suite : 2/ Un prieuré qui a longtemps joué un rôle central dans une histoire millénaire

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